- Le Turpe, c’est quoi au juste et pourquoi ça existe ?
- Quels sont les changements concrets apportés par le Turpe 7 ?
- Comment le Turpe 7 est-il calculé ? Quelle sera son augmentation sur ma facture d’électricité ?
- Est-ce que je peux optimiser mes coûts liés au Turpe 7 ?
- Conclusion : le Turpe mérite le travail d’experts en énergie
Le Turpe n’est pas une ligne spécifique que vous trouverez sur votre facture. Ce n’est pas non plus une taxe comme l’accise sur l’électricité. Ce n’est pas véritablement une contribution, comme peut l’être la CTA (Contribution au tarif d’acheminement) – même si la CTA elle-même correspond à un pourcentage de la part fixe du Turpe.
Mais le Turpe, c’est quoi alors ? Le Turpe, c’est un élément bien caché de votre facture dont l’importance ne cesse de grandir. Pour les petits compteurs, on estime que le Turpe correspond désormais à 30 % du montant final – contre 25 % auparavant.
Dans les prochaines années, celui-ci devrait évoluer et poursuivre son augmentation avec la mise en place du Turpe 7 de 2025 à 2028. Le Turpe risque-t-il de vous coûter toujours plus cher ? Tout dépend de votre façon de l’aborder. Les changements qu’il propose pour cette 7e période tarifaire amorce aussi des leviers de performance pour vous, consommateur.
Le Turpe, c’est quoi au juste et pourquoi ça existe ?
Définition simple : financer le réseau électrique de l’électricité
Le Turpe est un acronyme qui signifie dans le détail Tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité. Puisque l’électricité ne parvient pas par miracle jusqu’à vos locaux, jusqu’à votre usine ou jusqu’au chantier sur lequel vous pourriez être provisoirement, il faut payer cette infrastructure, ainsi que son entretien et sa modernisation.
Comme un péage, il s’applique alors à tous ceux qui passent sur son chemin : consommateurs (qui soutirent), producteurs (qui injectent sur le réseau) ou encore distributeurs (qui s’occupent du transit).
En contribuant à RTE et Enedis, deux entreprises publiques au cœur du système
En effet, votre électricité ne provient pas des fournisseurs. Elle n’arrive pas non plus grâce aux producteurs, même pour les panneaux photovoltaïques situées à deux kilomètres de votre local. Car ce ne sont pas eux qui s’occupent du transport de l’électricité.
Si, auparavant, EDF regroupait l’ensemble des activités liées à l’électricité en France, celles-ci ont été divisées pour préparer la libéralisation du marché. Le réseau électrique demeure néanmoins unique et public. RTE a la charge du transport sur les lignes haute tension – les câbles soutenus par les têtes de chat au milieu des champs. Enedis et les entreprises locales de distribution (ELD) doivent elles assurer le fonctionnement du réseau moyenne et basse tension et la distribution à la maille locale.
Contrairement à d’autres réseaux comme la téléphonie, où chaque fournisseur peut posséder son propre réseau ou emprunter celui des autres, l’électricité fonctionne donc grâce à un réseau public. Le Turpe est ainsi le montant qui permet de financer les gestionnaires du réseau, et non une taxe qui contribuerait à remplir les caisses de l’État.
Le Turpe assure l’équité des consommateurs en France
Tout le monde ne paie pas le même montant de Turpe, car tout le monde n’a pas les mêmes besoins en électricité. Cependant, certains principes assurent une équité de traitement et surtout garantissent un accès à cette ressource devenue fondamentale pour notre activité économique et notre quotidien.
- Par conséquent, une partie du Turpe est fixe avec un système de timbre-poste. Cela permet de ne pas surfacturer un consommateur qui serait éloigné du site de production – tout comme l’envoi de courrier coûte aussi cher pour une carte postale de La Baule vers Strasbourg ou pour un arrêt maladie transmis à votre caisse d’assurance maladie à deux kilomètres de chez vous.
- De la même manière, la péréquation tarifaire évite la discrimination de certains territoires par rapport aux autres, même si la production électrique n’est pas répartie de manière égale dans tout l’Hexagone. La pointe bretonne, même dépourvue de centrales, n’est pas désavantagée. Le tarif sera le même dans tout l’Hexagone.
- Par ailleurs, l’usage de l’électricité – qu’il s’agisse de faire fondre du verre, chauffer un poulet rôti ou alimenter un centre de données – n’aura pas de conséquence sur le montant du Turpe. Seule la puissance soutirée aura un impact.
- Enfin, le Turpe repose sur un principe d’horo-saisonnalité. Son montant diffère pour inciter à lisser les périodes de consommation, en déplaçant notamment certains usages comme les chauffe-eaux domestiques vers des périodes « creuses ».
Quels sont les changements concrets apportés par le Turpe 7 ?
Le Turpe a été instauré en 2000. Depuis, il est régulièrement révisé pour accompagner les changements du système électrique et l’évolution d’Enedis et RTE. Cela permet également de revoir les besoins en fonction de la modernisation du réseau, comme le déploiement d’un smart grid à l’échelle nationale, ou encore pour tenir compte de la multiplication des points d’injection dans le cadre de la transition énergétique.
Or, en y ajoutant l’électrification des usages (parfois industriels) et le vieillissement d’un réseau installé dans les années 70, RTE anticipe un triplement de ses dépenses annuelles d’ici la fin du Turpe 7, passant de 2,1 milliards en 2023 à 6,2 milliards en 2028. Enedis estime en parallèle avoir besoin de 7 milliards en 2028 contre 5 milliards précédemment.
Cela implique donc de revoir le montant du Turpe pour financer cette activité et assurer la permanence de l’approvisionnement électrique. Par conséquent, la CRE a annoncé fin 2024 une hausse du Turpe pour la période 2025-2028.
Moderniser le réseau et accompagner la transition énergétique
C’est l’un des chevaux de bataille les plus importants pour le réseau électrique : s’adapter au XXIe siècle. Les défis sont nombreux, comme l’adaptation au changement climatique avec des événements météorologiques fréquents qui mettent les infrastructures à rude épreuve : vagues de froid, canicules, tempêtes, etc.
En parallèle, ce Turpe prend en compte des incitations pour Enedis et RTE à être plus efficaces dans les travaux de raccordement. Cela peut concerner à la fois des installations de production – panneaux photovoltaïques sur ombrières de parking, parc éolien en mer, etc. – ou de soutirage comme les stations de recharge de véhicule électrique.
Les nouveautés tarifaires et structurelles
À partir du 1er août 2025, des nouveautés vont être ajoutées au Turpe. La principale concerne le changement de l’horo-saisonnalité qui permet de définir des heures pleines et des heures creuses.
Progressivement, de nouvelles heures creuses situées en milieu de journée vont être proposées pendant l’été. Cela reflète le déséquilibre actuel entre production et consommation lorsque les panneaux photovoltaïques fournissent le maximum de leur puissance, en début d’après-midi.
Pour inciter à décaler les usages électriques, les heures vont donc s’adapter et offrir de nouvelles périodes à bas prix, avec un Turpe abaissé.
Le compteur Linky : des sanctions via le Turpe 7
Enfin, ce nouveau Turpe inclut également une sanction financière pour les points de livraison qui ne sont toujours pas pourvus d’un système de comptage intelligent.
Alors que les compteurs Linky peuvent être des atouts dans une gestion flexible de l’équilibre entre offre et demande, ce manque sera désormais pénalisé via une augmentation du Turpe si l’absence d’un Linky ne peut être justifiée par une difficulté matérielle.
Concrètement, l’absence de système de comptage communicant entraînera un surcoût du Turpe de 63,74 € par an, avec un montant facturé tous les deux mois.
Comment le Turpe 7 est-il calculé ? Quelle sera son augmentation sur ma facture d’électricité ?
Les différentes composantes du calcul expliquées simplement
Pour les compteurs de faible puissance (inférieurs à 36 kVA), le calcul du Turpe tient dans l’addition de trois éléments :
- la composante de gestion, pour le suivi administratif des utilisateurs du réseau, avec un montant fixe ;
- la composante de comptage, principalement pour l’installation et le relevé des compteurs ;
- la composante de soutirage, soit une part variable en fonction de la consommation.
Pour les autres, d’autres composantes s’ajoutent et peuvent modifier le montant final en fonction de vos besoins. Il peut s’agir notamment de la composante de dépassement de la puissance souscrite, la composante annuelle des injections (liée aux échanges transfrontaliers) ou encore la composante de regroupement tarifaire des points de connexion.
Le Turpe est une somme de l’ensemble de ces éléments, même si tous ne s’appliquent donc pas de la même manière.

Source : RTE
Décryptage de la hausse sur la facture d’électricité d’un professionnel
La hausse est différenciée selon qu’il s’agisse du Turpe destiné principalement au financement du transport (HTB) ou à la distribution (HTA-BT).
Dans le détail, le Turpe HTA-BT (moyenne et basse tension) augmente de 7,7 %. Dans son dossier, Enedis avait formulé une demande qui aurait conduit à une hausse de près de 20 % du tarif unitaire moyen pour la distribution d’électricité !
Pour les professionnels avec une plus forte consommation d’électricité (HTB pour la haute tension), la hausse retenue par la CRE pour le transport est de 9,6 % – la demande de RTE revenait à une hausse de 12,2 %.
Autrement dit, la hausse du Turpe sur votre facture dépend surtout de la puissance dont vous avez besoin. Au-dessus de 36 kVA, vous serez concerné par le Turpe-HTB, soit une augmentation légèrement plus importante.
Une application anticipée du Turpe 7 dès février 2025
Cette nouvelle période tarifaire du Turpe entre théoriquement en vigueur le 1er août 2025. Elle se terminera en 2029. Cependant, pour éviter des mouvements incompréhensibles pour les consommateurs entre hausse des tarifs et baisse des coûts de l’électron, le calendrier a été adapté exceptionnellement.
La hausse de 7,7 % (en moyenne) a été anticipée dès le 1er février 2025, sans que cela ne change le montant final. Au contraire, cela a permis de lisser l’augmentation du Turpe sur une période plus longue, tout en tirant profit de la baisse des tarifs réglementés pour les petits compteurs – et pour les tarifs jaunes suite au changement législatif sur les TRVE pour les entreprises de moins de 10 salariés.
Quelles augmentations du Turpe dans le futur ?
Le Turpe augmentera probablement dans les trois prochaines années de cette période tarifaire. Cependant, cette hausse devrait être moindre, car elle est encadrée. Dans sa délibération, la CRE indique que, chaque année, le Turpe pourra être révisé mais uniquement pour tenir compte des effets de l’inflation.
Autrement dit, cette augmentation sera contrôlée et ne devrait pas être supérieure à celle du coût de la vie, de vos dépenses comme de vos ventes.
Est-ce que je peux optimiser mes coûts liés au Turpe 7 ?
Adapter sa puissance souscrite ou sa version tarifaire
Lors de votre souscription pour une fourniture d’électricité, vous indiquez vos besoins et vos choix optionnels.
Parmi ceux-là, vous déterminez notamment la puissance souscrite, en kVA. Cependant, en HTB, si la puissance est fixée pour 12 mois, vous pouvez ensuite la modifier à la hausse ou à la baisse. Cette modification peut même être opérée plusieurs fois par mois, mais doit être demandée 3 jours ouvrés avant l’opération au plus tard.
De plus, trois versions tarifaires existent pour les principaux consommateurs selon leur manière de soutirer de l’électricité : la version dite courte utilisation (CU), moyenne utilisation (MU) et enfin longue utilisation (LU). Cette dernière correspond à des consommateurs avec un besoin constant, continu, en bloc. À l’inverse, les premiers ont des process plus courts mais intense, avec un profil plus changeant. Le MU se situe entre les deux types de profil, par exemple avec une variation saisonnière dans le cas d’un camping.

Source : RTE
Choisir la bonne heure creuse
On ne choisit pas son heure creuse lorsqu’on souscrit à un contrat de fourniture, mais on peut choisir de bénéficier des prochains changements prévus dans le cadre du Turpe si on est un client professionnel avec une puissance inférieure à 36 kVA. Pour une activité estivale et en journée, cette nouvelle incitation à décaler sa consommation pourrait se révéler précieuse.
Attention : au-dessus de 36 kVA, pour les consommateurs sur le réseau haute tension, la CRE traitera ce sujet prochainement, à une date encore indéfinie. La mise en place du changement d’horo-saisonnalité du Turpe 7 sera généralisée début 2027.
Par ailleurs, en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie, les heures creuses seront plus particulièrement tournées vers la journée : de 2 h à 4 h et de 10 h à 16 h l’hiver (novembre-mars) ; de 10 h à 18 h le reste de l’année. Cette différenciation avec le reste du territoire est liée à la forte production photovoltaïque présente dans ces régions.
Explorer les dispositifs d’abattement spécifiques
Faire de l’autoconsommation est un moyen simple et efficace pour réduire sa facture. Vous diminuez le coût de fourniture, puisque vous n’aurez pas à acheter ces électrons sur les heures d’autoconsommation. Mais cela va plus loin ! En autoconsommant sur un circuit court, vous n’utilisez pas le réseau. Vous êtes donc exempté de Turpe. Cela concerne également les projets d’autoconsommation collective pour la partie qui sera effectivement autoconsommée – la partie soutirée ou injectée dans le réseau sera quant à elle soumise au Turpe –, en plus de l’exonération de l’accise !
Par ailleurs, d’autres consommateurs peuvent s’appuyer sur un dispositif d’abattement : les électro-intensifs avec un profil stable ou anticyclique. En effet, le montant du Turpe peut alors comprendre un pourcentage de réduction afin de tenir compte du service que ces consommateurs rendent au système électrique en lissant la consommation globale.
Trouver le bon contrat
Enfin, lorsqu’on a un fort volume de consommation, de type C1, vous pouvez… ne plus payer plus le Turpe inclus dans les contrats uniques avec un fournisseur.
À la place, des formules existent pour signer un contrat direct de transport et de distribution de l’électricité, avec Enedis ou RTE : les contrats Card (contrat d’accès au réseau de distribution) ou Cart (pour le transport). Il faut donc traiter avec ces opérateurs du réseau, sachant que cela nécessite de trouver en parallèle un responsable d’équilibre ainsi qu’un fournisseur.
Cela signifie aussi que, pour ces consommateurs, la gestion des contrats va être beaucoup plus complexe et nécessitera du temps. Ce système devient intéressant lorsque votre activité implique un soutirage important sur le réseau électrique et des échanges fréquents avec Enedis, votre ELD ou directement avec RTE. D’une certaine manière, le contrat Card ou Cart revient à avoir un Turpe sur mesure, spécifiquement lié à votre activité.
Conclusion : le Turpe mérite le travail d’experts en énergie
Le Turpe 7 est un élément essentiel pour vous assurer d’un bon approvisionnement électrique. Grâce à lui, RTE et Enedis peuvent fournir un fonctionnement optimal du réseau à la maille nationale et locale, intervenir en cas de dysfonctionnement ou encore l’améliorer avec plus de flexibilité.
Ainsi, le Turpe contient des incitations à la performance pour RTE et Enedis, comme des objectifs de réduction des raccordements au réseau de transport, ainsi que de nouvelles composantes comme celle pour les sites d’injection-soutirage (batteries) capables d’équilibrer rapidement le réseau.
L’opti Turpe : un moyen redoutable pour diminuer vos dépenses
Néanmoins, en tant que professionnel, le Turpe reste une ligne de facture obscure, presque invisible et qui semble automatique. Personne n’échappe au Turpe, comme personne n’échappe au fisc.
Le Turpe est un tarif équitable pour tous les consommateurs d’électricité, mais aussi un montant qui vient alourdir sévèrement les factures. À lui seul, le Turpe représente un tiers de vos charges liées à l’électricité.
Mieux vaut alors être sûr que vous payez le bon prix pour votre Turpe. De votre profil de consommation à la puissance de soutirage, les prix varient rapidement. En option HTB1, un profil CU paie 11,52 €/MWh sur une heure de pointe… contre 41,52 €/MWh pour un profil LU ! Sans le savoir, vous payez peut-être trop. Un expert saura vous proposer une solution qui convient à votre profil précis.
De plus, à l’heure de la mise en place du Turpe 7 avec des règles qui évoluent et se tournent plus qu’avant encore vers la flexibilité électrique, il est temps de vérifier si votre Turpe est bien dimensionné et si un pilotage intelligent de votre consommation pourrait conduire à une réduction immédiate de votre budget.
Reprenez le contrôle de vos factures
Ainsi, l’optimisation Turpe fait partie de la boîte à outils primordial d’un bon energy manager pour vous éviter une surfacturation.
En comprenant que votre manière de consommer modifie autant le coût de fourniture que le coût d’utilisation du réseau, vous pourrez faire des économies non négligeables et gagner rapidement en compétitivité ! Optimiser son Turpe, c’est faire un premier pas vers une gestion maîtrisée de son approvisionnement électrique.

Article rédigé par Côme Tessier
Rédacteur web pour Collectif Énergie, je m’évertue à glisser des touches sportives ou des notes sucrées pour rendre plus accessibles les sujets liés à l’énergie. Sans jamais oublier de traquer les doubles espaces qui perturbent la lecture.
Le Turpe n’est pas une ligne spécifique que vous trouverez sur votre facture. Ce n’est pas non plus une taxe comme l’accise sur l’électricité. Ce n’est pas véritablement une contribution, comme peut l’être la CTA (Contribution au tarif d’acheminement) – même si la CTA elle-même correspond à un pourcentage de la part fixe du Turpe.
Mais le Turpe, c’est quoi alors ? Le Turpe, c’est un élément bien caché de votre facture dont l’importance ne cesse de grandir. Pour les petits compteurs, on estime que le Turpe correspond désormais à 30 % du montant final – contre 25 % auparavant.
Dans les prochaines années, celui-ci devrait évoluer et poursuivre son augmentation avec la mise en place du Turpe 7 de 2025 à 2028. Le Turpe risque-t-il de vous coûter toujours plus cher ? Tout dépend de votre façon de l’aborder. Les changements qu’il propose pour cette 7e période tarifaire amorce aussi des leviers de performance pour vous, consommateur.
Le Turpe, c’est quoi au juste et pourquoi ça existe ?
Définition simple : financer le réseau électrique de l’électricité
Le Turpe est un acronyme qui signifie dans le détail Tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité. Puisque l’électricité ne parvient pas par miracle jusqu’à vos locaux, jusqu’à votre usine ou jusqu’au chantier sur lequel vous pourriez être provisoirement, il faut payer cette infrastructure, ainsi que son entretien et sa modernisation.
Comme un péage, il s’applique alors à tous ceux qui passent sur son chemin : consommateurs (qui soutirent), producteurs (qui injectent sur le réseau) ou encore distributeurs (qui s’occupent du transit).
En contribuant à RTE et Enedis, deux entreprises publiques au cœur du système
En effet, votre électricité ne provient pas des fournisseurs. Elle n’arrive pas non plus grâce aux producteurs, même pour les panneaux photovoltaïques situées à deux kilomètres de votre local. Car ce ne sont pas eux qui s’occupent du transport de l’électricité.
Si, auparavant, EDF regroupait l’ensemble des activités liées à l’électricité en France, celles-ci ont été divisées pour préparer la libéralisation du marché. Le réseau électrique demeure néanmoins unique et public. RTE a la charge du transport sur les lignes haute tension – les câbles soutenus par les têtes de chat au milieu des champs. Enedis et les entreprises locales de distribution (ELD) doivent elles assurer le fonctionnement du réseau moyenne et basse tension et la distribution à la maille locale.
Contrairement à d’autres réseaux comme la téléphonie, où chaque fournisseur peut posséder son propre réseau ou emprunter celui des autres, l’électricité fonctionne donc grâce à un réseau public. Le Turpe est ainsi le montant qui permet de financer les gestionnaires du réseau, et non une taxe qui contribuerait à remplir les caisses de l’État.
Le Turpe assure l’équité des consommateurs en France
Tout le monde ne paie pas le même montant de Turpe, car tout le monde n’a pas les mêmes besoins en électricité. Cependant, certains principes assurent une équité de traitement et surtout garantissent un accès à cette ressource devenue fondamentale pour notre activité économique et notre quotidien.
- Par conséquent, une partie du Turpe est fixe avec un système de timbre-poste. Cela permet de ne pas surfacturer un consommateur qui serait éloigné du site de production – tout comme l’envoi de courrier coûte aussi cher pour une carte postale de La Baule vers Strasbourg ou pour un arrêt maladie transmis à votre caisse d’assurance maladie à deux kilomètres de chez vous.
- De la même manière, la péréquation tarifaire évite la discrimination de certains territoires par rapport aux autres, même si la production électrique n’est pas répartie de manière égale dans tout l’Hexagone. La pointe bretonne, même dépourvue de centrales, n’est pas désavantagée. Le tarif sera le même dans tout l’Hexagone.
- Par ailleurs, l’usage de l’électricité – qu’il s’agisse de faire fondre du verre, chauffer un poulet rôti ou alimenter un centre de données – n’aura pas de conséquence sur le montant du Turpe. Seule la puissance soutirée aura un impact.
- Enfin, le Turpe repose sur un principe d’horo-saisonnalité. Son montant diffère pour inciter à lisser les périodes de consommation, en déplaçant notamment certains usages comme les chauffe-eaux domestiques vers des périodes « creuses ».
Quels sont les changements concrets apportés par le Turpe 7 ?
Le Turpe a été instauré en 2000. Depuis, il est régulièrement révisé pour accompagner les changements du système électrique et l’évolution d’Enedis et RTE. Cela permet également de revoir les besoins en fonction de la modernisation du réseau, comme le déploiement d’un smart grid à l’échelle nationale, ou encore pour tenir compte de la multiplication des points d’injection dans le cadre de la transition énergétique.
Or, en y ajoutant l’électrification des usages (parfois industriels) et le vieillissement d’un réseau installé dans les années 70, RTE anticipe un triplement de ses dépenses annuelles d’ici la fin du Turpe 7, passant de 2,1 milliards en 2023 à 6,2 milliards en 2028. Enedis estime en parallèle avoir besoin de 7 milliards en 2028 contre 5 milliards précédemment.
Cela implique donc de revoir le montant du Turpe pour financer cette activité et assurer la permanence de l’approvisionnement électrique. Par conséquent, la CRE a annoncé fin 2024 une hausse du Turpe pour la période 2025-2028.
Moderniser le réseau et accompagner la transition énergétique
C’est l’un des chevaux de bataille les plus importants pour le réseau électrique : s’adapter au XXIe siècle. Les défis sont nombreux, comme l’adaptation au changement climatique avec des événements météorologiques fréquents qui mettent les infrastructures à rude épreuve : vagues de froid, canicules, tempêtes, etc.
En parallèle, ce Turpe prend en compte des incitations pour Enedis et RTE à être plus efficaces dans les travaux de raccordement. Cela peut concerner à la fois des installations de production – panneaux photovoltaïques sur ombrières de parking, parc éolien en mer, etc. – ou de soutirage comme les stations de recharge de véhicule électrique.
Les nouveautés tarifaires et structurelles
À partir du 1er août 2025, des nouveautés vont être ajoutées au Turpe. La principale concerne le changement de l’horo-saisonnalité qui permet de définir des heures pleines et des heures creuses.
Progressivement, de nouvelles heures creuses situées en milieu de journée vont être proposées pendant l’été. Cela reflète le déséquilibre actuel entre production et consommation lorsque les panneaux photovoltaïques fournissent le maximum de leur puissance, en début d’après-midi.
Pour inciter à décaler les usages électriques, les heures vont donc s’adapter et offrir de nouvelles périodes à bas prix, avec un Turpe abaissé.
Le compteur Linky : des sanctions via le Turpe 7
Enfin, ce nouveau Turpe inclut également une sanction financière pour les points de livraison qui ne sont toujours pas pourvus d’un système de comptage intelligent.
Alors que les compteurs Linky peuvent être des atouts dans une gestion flexible de l’équilibre entre offre et demande, ce manque sera désormais pénalisé via une augmentation du Turpe si l’absence d’un Linky ne peut être justifiée par une difficulté matérielle.
Concrètement, l’absence de système de comptage communicant entraînera un surcoût du Turpe de 63,74 € par an, avec un montant facturé tous les deux mois.
Comment le Turpe 7 est-il calculé ? Quelle sera son augmentation sur ma facture d’électricité ?
Les différentes composantes du calcul expliquées simplement
Pour les compteurs de faible puissance (inférieurs à 36 kVA), le calcul du Turpe tient dans l’addition de trois éléments :
- la composante de gestion, pour le suivi administratif des utilisateurs du réseau, avec un montant fixe ;
- la composante de comptage, principalement pour l’installation et le relevé des compteurs ;
- la composante de soutirage, soit une part variable en fonction de la consommation.
Pour les autres, d’autres composantes s’ajoutent et peuvent modifier le montant final en fonction de vos besoins. Il peut s’agir notamment de la composante de dépassement de la puissance souscrite, la composante annuelle des injections (liée aux échanges transfrontaliers) ou encore la composante de regroupement tarifaire des points de connexion.
Le Turpe est une somme de l’ensemble de ces éléments, même si tous ne s’appliquent donc pas de la même manière.

Source : RTE
Décryptage de la hausse sur la facture d’électricité d’un professionnel
La hausse est différenciée selon qu’il s’agisse du Turpe destiné principalement au financement du transport (HTB) ou à la distribution (HTA-BT).
Dans le détail, le Turpe HTA-BT (moyenne et basse tension) augmente de 7,7 %. Dans son dossier, Enedis avait formulé une demande qui aurait conduit à une hausse de près de 20 % du tarif unitaire moyen pour la distribution d’électricité !
Pour les professionnels avec une plus forte consommation d’électricité (HTB pour la haute tension), la hausse retenue par la CRE pour le transport est de 9,6 % – la demande de RTE revenait à une hausse de 12,2 %.
Autrement dit, la hausse du Turpe sur votre facture dépend surtout de la puissance dont vous avez besoin. Au-dessus de 36 kVA, vous serez concerné par le Turpe-HTB, soit une augmentation légèrement plus importante.
Une application anticipée du Turpe 7 dès février 2025
Cette nouvelle période tarifaire du Turpe entre théoriquement en vigueur le 1er août 2025. Elle se terminera en 2029. Cependant, pour éviter des mouvements incompréhensibles pour les consommateurs entre hausse des tarifs et baisse des coûts de l’électron, le calendrier a été adapté exceptionnellement.
La hausse de 7,7 % (en moyenne) a été anticipée dès le 1er février 2025, sans que cela ne change le montant final. Au contraire, cela a permis de lisser l’augmentation du Turpe sur une période plus longue, tout en tirant profit de la baisse des tarifs réglementés pour les petits compteurs – et pour les tarifs jaunes suite au changement législatif sur les TRVE pour les entreprises de moins de 10 salariés.
Quelles augmentations du Turpe dans le futur ?
Le Turpe augmentera probablement dans les trois prochaines années de cette période tarifaire. Cependant, cette hausse devrait être moindre, car elle est encadrée. Dans sa délibération, la CRE indique que, chaque année, le Turpe pourra être révisé mais uniquement pour tenir compte des effets de l’inflation.
Autrement dit, cette augmentation sera contrôlée et ne devrait pas être supérieure à celle du coût de la vie, de vos dépenses comme de vos ventes.
Est-ce que je peux optimiser mes coûts liés au Turpe 7 ?
Adapter sa puissance souscrite ou sa version tarifaire
Lors de votre souscription pour une fourniture d’électricité, vous indiquez vos besoins et vos choix optionnels.
Parmi ceux-là, vous déterminez notamment la puissance souscrite, en kVA. Cependant, en HTB, si la puissance est fixée pour 12 mois, vous pouvez ensuite la modifier à la hausse ou à la baisse. Cette modification peut même être opérée plusieurs fois par mois, mais doit être demandée 3 jours ouvrés avant l’opération au plus tard.
De plus, trois versions tarifaires existent pour les principaux consommateurs selon leur manière de soutirer de l’électricité : la version dite courte utilisation (CU), moyenne utilisation (MU) et enfin longue utilisation (LU). Cette dernière correspond à des consommateurs avec un besoin constant, continu, en bloc. À l’inverse, les premiers ont des process plus courts mais intense, avec un profil plus changeant. Le MU se situe entre les deux types de profil, par exemple avec une variation saisonnière dans le cas d’un camping.

Source : RTE
Choisir la bonne heure creuse
On ne choisit pas son heure creuse lorsqu’on souscrit à un contrat de fourniture, mais on peut choisir de bénéficier des prochains changements prévus dans le cadre du Turpe si on est un client professionnel avec une puissance inférieure à 36 kVA. Pour une activité estivale et en journée, cette nouvelle incitation à décaler sa consommation pourrait se révéler précieuse.
Attention : au-dessus de 36 kVA, pour les consommateurs sur le réseau haute tension, la CRE traitera ce sujet prochainement, à une date encore indéfinie. La mise en place du changement d’horo-saisonnalité du Turpe 7 sera généralisée début 2027.
Par ailleurs, en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie, les heures creuses seront plus particulièrement tournées vers la journée : de 2 h à 4 h et de 10 h à 16 h l’hiver (novembre-mars) ; de 10 h à 18 h le reste de l’année. Cette différenciation avec le reste du territoire est liée à la forte production photovoltaïque présente dans ces régions.
Explorer les dispositifs d’abattement spécifiques
Faire de l’autoconsommation est un moyen simple et efficace pour réduire sa facture. Vous diminuez le coût de fourniture, puisque vous n’aurez pas à acheter ces électrons sur les heures d’autoconsommation. Mais cela va plus loin ! En autoconsommant sur un circuit court, vous n’utilisez pas le réseau. Vous êtes donc exempté de Turpe. Cela concerne également les projets d’autoconsommation collective pour la partie qui sera effectivement autoconsommée – la partie soutirée ou injectée dans le réseau sera quant à elle soumise au Turpe –, en plus de l’exonération de l’accise !
Par ailleurs, d’autres consommateurs peuvent s’appuyer sur un dispositif d’abattement : les électro-intensifs avec un profil stable ou anticyclique. En effet, le montant du Turpe peut alors comprendre un pourcentage de réduction afin de tenir compte du service que ces consommateurs rendent au système électrique en lissant la consommation globale.
Trouver le bon contrat
Enfin, lorsqu’on a un fort volume de consommation, de type C1, vous pouvez… ne plus payer plus le Turpe inclus dans les contrats uniques avec un fournisseur.
À la place, des formules existent pour signer un contrat direct de transport et de distribution de l’électricité, avec Enedis ou RTE : les contrats Card (contrat d’accès au réseau de distribution) ou Cart (pour le transport). Il faut donc traiter avec ces opérateurs du réseau, sachant que cela nécessite de trouver en parallèle un responsable d’équilibre ainsi qu’un fournisseur.
Cela signifie aussi que, pour ces consommateurs, la gestion des contrats va être beaucoup plus complexe et nécessitera du temps. Ce système devient intéressant lorsque votre activité implique un soutirage important sur le réseau électrique et des échanges fréquents avec Enedis, votre ELD ou directement avec RTE. D’une certaine manière, le contrat Card ou Cart revient à avoir un Turpe sur mesure, spécifiquement lié à votre activité.
Conclusion : le Turpe mérite le travail d’experts en énergie
Le Turpe 7 est un élément essentiel pour vous assurer d’un bon approvisionnement électrique. Grâce à lui, RTE et Enedis peuvent fournir un fonctionnement optimal du réseau à la maille nationale et locale, intervenir en cas de dysfonctionnement ou encore l’améliorer avec plus de flexibilité.
Ainsi, le Turpe contient des incitations à la performance pour RTE et Enedis, comme des objectifs de réduction des raccordements au réseau de transport, ainsi que de nouvelles composantes comme celle pour les sites d’injection-soutirage (batteries) capables d’équilibrer rapidement le réseau.
L’opti Turpe : un moyen redoutable pour diminuer vos dépenses
Néanmoins, en tant que professionnel, le Turpe reste une ligne de facture obscure, presque invisible et qui semble automatique. Personne n’échappe au Turpe, comme personne n’échappe au fisc.
Le Turpe est un tarif équitable pour tous les consommateurs d’électricité, mais aussi un montant qui vient alourdir sévèrement les factures. À lui seul, le Turpe représente un tiers de vos charges liées à l’électricité.
Mieux vaut alors être sûr que vous payez le bon prix pour votre Turpe. De votre profil de consommation à la puissance de soutirage, les prix varient rapidement. En option HTB1, un profil CU paie 11,52 €/MWh sur une heure de pointe… contre 41,52 €/MWh pour un profil LU ! Sans le savoir, vous payez peut-être trop. Un expert saura vous proposer une solution qui convient à votre profil précis.
De plus, à l’heure de la mise en place du Turpe 7 avec des règles qui évoluent et se tournent plus qu’avant encore vers la flexibilité électrique, il est temps de vérifier si votre Turpe est bien dimensionné et si un pilotage intelligent de votre consommation pourrait conduire à une réduction immédiate de votre budget.
Reprenez le contrôle de vos factures
Ainsi, l’optimisation Turpe fait partie de la boîte à outils primordial d’un bon energy manager pour vous éviter une surfacturation.
En comprenant que votre manière de consommer modifie autant le coût de fourniture que le coût d’utilisation du réseau, vous pourrez faire des économies non négligeables et gagner rapidement en compétitivité ! Optimiser son Turpe, c’est faire un premier pas vers une gestion maîtrisée de son approvisionnement électrique.

Article rédigé par Côme Tessier
Rédacteur web pour Collectif Énergie, je m’évertue à glisser des touches sportives ou des notes sucrées pour rendre plus accessibles les sujets liés à l’énergie. Sans jamais oublier de traquer les doubles espaces qui perturbent la lecture.