Depuis plusieurs semaines, les prix de l’électricité sont plutôt orientés à la baisse et s’établissent actuellement sous la barre des 60 €/MWh pour l’année 2026. Mais à l’approche de la fin du mécanisme de l’Arenh, un rapport parlementaire souligne que cette perspective rassurante masque un autre problème : le manque de protection pour les consommateurs face aux fluctuations du marché.

Pour les rapporteurs Maxime Laisney (LFI) et Philippe Bolo (MoDem), le versement nucléaire universel (VNU) qui doit succéder à l’Arenh ne pourra vraiment jouer son rôle et contribuer à faire baisser les factures : « Les premiers éléments de bilan de cette réforme montrent que celle-ci a pour conséquence d’exposer davantage les consommateurs au marché », soulignent-ils. Plus globalement, leur rapport pointe les difficultés du système français à contenir les factures d’électricité pour éviter une nouvelle flambée comme en 2022.

Des seuils du VNU trop hauts et une taxation électrique remise en cause

Le VNU est la principale cible des critiques du rapport, issues des auditions menées avec des représentants de grosses entreprises consommatrices d’énergie pour cette mission d’information sur « le prix de l’électricité, la compétitivité des entreprises et l’action de l’État ».

« Comment permettre à EDF de dégager des revenus pour financer la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, dont le chiffrage et les modalités de financement ne sont toujours pas précisément connus, tout en cherchant à protéger les consommateurs ? », interrogent les deux députés rapporteurs de cette mission. Selon eux, le VNU ne remplirait pas sa mission pour les consommateurs avec un prix plafond trop élevé, mais n’assure pas davantage EDF d’un revenu garanti pour investir dans ses nouveaux réacteurs en l’absence de prix plancher, malgré le principe critiqué de « prix cible de 70 €/MWh ». Il exposerait ainsi l’énergéticien en cas de chute des marchés et serait « un parapluie placé trop haut et percé de toutes parts » qui ne bénéficie à personne.

Au total, les députés proposent une série de 19 mesures, portant également sur l’électrification des usages, la planification des réseaux ou encore la Programmation pluriannuelle de l’énergie. Ils estiment notamment nécessaire de revoir le taux d’accise sur l’électricité, trop élevé par rapport à celle sur le gaz ou pour assurer la compétitivité des prix. De plus, les députés veulent valoriser la flexibilité et la sobriété énergétiques, ainsi que l’autoconsommation. Enfin, les parlementaires proposent de mettre en œuvre une expérimentation de TVA réduite à 5,5 % pour la consommation incompressible des ménages.

Une production d’EDF plus faible que prévu ?

Par ailleurs, le travail mené par la CRE sur les coûts réels de la production nucléaire pointe également une décorrélation avec les estimations du VNU. Selon la CRE, le coût du nucléaire se situerait aux alentours de 60 €/MWh pour la période 2026-2028.

La CRE a également dévoilé des estimations de production nucléaire à la baisse par rapport aux objectifs de l’énergiticien. Ainsi, l’EPR de Flamanville ne devrait pas fonctionner à pleine puissance avant 2031. EDF a retenu une estimation inférieure de 35 MW, à 1585 MW.

La production annuelle du parc nucléaire ne devrait pas non plus atteindre le chiffre retenu par Agnès Pannier-Runacher en 2023, alors qu’elle était ministre de la Transition énergétique, de 400 TWh d’ici 2030 afin de « juger la performance opérationnelle des dirigeants de la maison EDF ». Les hypothèses d’EDF transmises à la CRE se situent à 362 TWh pour 2026-2028, puis 358 TWh jusqu’en 2031 – soit le niveau de performance de l’année 2024, au cours de laquelle la France a été très nettement exportatrice nette d’électricité en Europe.

Source : La Tribune

Article rédigé par Côme Tessier

Rédacteur web pour Collectif Énergie, je m’évertue à glisser des touches sportives ou des notes sucrées pour rendre plus accessibles les sujets liés à l’énergie. Sans jamais oublier de traquer les doubles espaces qui perturbent la lecture.

Depuis plusieurs semaines, les prix de l’électricité sont plutôt orientés à la baisse et s’établissent actuellement sous la barre des 60 €/MWh pour l’année 2026. Mais à l’approche de la fin du mécanisme de l’Arenh, un rapport parlementaire souligne que cette perspective rassurante masque un autre problème : le manque de protection pour les consommateurs face aux fluctuations du marché.

Pour les rapporteurs Maxime Laisney (LFI) et Philippe Bolo (MoDem), le versement nucléaire universel (VNU) qui doit succéder à l’Arenh ne pourra vraiment jouer son rôle et contribuer à faire baisser les factures : « Les premiers éléments de bilan de cette réforme montrent que celle-ci a pour conséquence d’exposer davantage les consommateurs au marché », soulignent-ils. Plus globalement, leur rapport pointe les difficultés du système français à contenir les factures d’électricité pour éviter une nouvelle flambée comme en 2022.

Des seuils du VNU trop hauts et une taxation électrique remise en cause

Le VNU est la principale cible des critiques du rapport, issues des auditions menées avec des représentants de grosses entreprises consommatrices d’énergie pour cette mission d’information sur « le prix de l’électricité, la compétitivité des entreprises et l’action de l’État ».

« Comment permettre à EDF de dégager des revenus pour financer la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, dont le chiffrage et les modalités de financement ne sont toujours pas précisément connus, tout en cherchant à protéger les consommateurs ? », interrogent les deux députés rapporteurs de cette mission. Selon eux, le VNU ne remplirait pas sa mission pour les consommateurs avec un prix plafond trop élevé, mais n’assure pas davantage EDF d’un revenu garanti pour investir dans ses nouveaux réacteurs en l’absence de prix plancher, malgré le principe critiqué de « prix cible de 70 €/MWh ». Il exposerait ainsi l’énergéticien en cas de chute des marchés et serait « un parapluie placé trop haut et percé de toutes parts » qui ne bénéficie à personne.

Au total, les députés proposent une série de 19 mesures, portant également sur l’électrification des usages, la planification des réseaux ou encore la Programmation pluriannuelle de l’énergie. Ils estiment notamment nécessaire de revoir le taux d’accise sur l’électricité, trop élevé par rapport à celle sur le gaz ou pour assurer la compétitivité des prix. De plus, les députés veulent valoriser la flexibilité et la sobriété énergétiques, ainsi que l’autoconsommation. Enfin, les parlementaires proposent de mettre en œuvre une expérimentation de TVA réduite à 5,5 % pour la consommation incompressible des ménages.

Une production d’EDF plus faible que prévu ?

Par ailleurs, le travail mené par la CRE sur les coûts réels de la production nucléaire pointe également une décorrélation avec les estimations du VNU. Selon la CRE, le coût du nucléaire se situerait aux alentours de 60 €/MWh pour la période 2026-2028.

La CRE a également dévoilé des estimations de production nucléaire à la baisse par rapport aux objectifs de l’énergiticien. Ainsi, l’EPR de Flamanville ne devrait pas fonctionner à pleine puissance avant 2031. EDF a retenu une estimation inférieure de 35 MW, à 1585 MW.

La production annuelle du parc nucléaire ne devrait pas non plus atteindre le chiffre retenu par Agnès Pannier-Runacher en 2023, alors qu’elle était ministre de la Transition énergétique, de 400 TWh d’ici 2030 afin de « juger la performance opérationnelle des dirigeants de la maison EDF ». Les hypothèses d’EDF transmises à la CRE se situent à 362 TWh pour 2026-2028, puis 358 TWh jusqu’en 2031 – soit le niveau de performance de l’année 2024, au cours de laquelle la France a été très nettement exportatrice nette d’électricité en Europe.

Source : La Tribune

Article rédigé par Côme Tessier

Rédacteur web pour Collectif Énergie, je m’évertue à glisser des touches sportives ou des notes sucrées pour rendre plus accessibles les sujets liés à l’énergie. Sans jamais oublier de traquer les doubles espaces qui perturbent la lecture.

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