L’éolien français traverse une période mouvementée. Alors que cette source d’énergie occupe toujours la troisième place dans notre mix électrique, elle fait face à des vents contraires qui ne sont pas seulement météorologiques. Entre menaces politiques et objectifs ambitieux, on se demande légitimement vers quoi se dirige cette filière pour notre transition énergétique.
Quelle place réelle occupe l’éolien dans notre production électrique ?
Pour bien comprendre les enjeux, commençons par les chiffres. En 2024, l’énergie éolienne a représenté 8,7% de la production électrique française métropolitaine. Concrètement, cela équivaut à près de 47 TWh, dont environ 4 TWh proviennent des parcs marins et 42,9 TWh des installations terrestres.
Au 25 juin 2025, notre parc éolien français affichait une capacité cumulée d’environ 24,5 GW selon RTE. Ces données placent l’éolien comme la deuxième source renouvelable du pays, après l’hydroélectrique.
En fait, si on élargit la perspective à l’Union européenne, l’éolien se hisse au rang de deuxième filière productrice d’électricité. Avec 477 TWh générés en 2024, soit 17,4% du mix électrique européen, elle devance le gaz mais reste derrière le nucléaire.
Pourquoi observe-t-on un ralentissement préoccupant ?
Toutefois, les nouvelles ne sont pas toutes roses. La progression de l’éolien marque le pas, tant en France qu’en Europe. Au niveau européen, la production éolienne n’a progressé que de 1,5% en 2024, pâtissant de conditions moins favorables qu’en 2023.
Le cas français est encore plus préoccupant : la production éolienne a même reculé en 2024, passant de 50,9 TWh en 2023 à 46,9 TWh, soit une baisse de presque 8%. Deux facteurs expliquent ce recul.
D’abord, un « déficit de vent » naturel qui a limité la production. Ensuite, une adaptation au marché : RTE « ordonne la baisse de production d’installations éoliennes, lors d’épisodes de forte abondance de production, pour garantir l’équilibre du système électrique en temps réel, conformément aux dispositions actuelles du Code de l’énergie ».
Les exploitants peuvent également choisir de ne pas produire lors de périodes de prix négatifs, de plus en plus courantes. En 2024, les installations éoliennes terrestres capables de s’arrêter lors d’épisodes de prix négatifs « représentaient de l’ordre de 60 % de la capacité éolienne terrestre installée » selon le gestionnaire de réseau.
Comment le débat parlementaire a-t-il secoué la filière ?
Le climat politique autour de l’éolien s’est particulièrement tendu lors de l’examen à l’Assemblée nationale du projet de loi de programmation nationale et simplification normative dans le secteur économique de l’énergie en juin 2025. Un amendement LR, soutenu par le Rassemblement national, proposait ni plus ni moins qu’un moratoire sur le solaire et l’éolien.
Bien que cette version du texte ait été largement rejetée, l’amendement a généré de nombreux échanges houleux. Lors du vote du 24 juin dernier, Marc Ferracci, ministre chargé de l’industrie et de l’énergie, qualifiait cette position d’« irresponsable ». À l’inverse, le député Eric Michoux (UDR) rétorquait que « les éoliennes enlaidissent nos paysages et sont un danger pour la biodiversité, mais cela ne dérange pas les écolos de salon ».
La filière des énergies renouvelables n’est pas restée silencieuse face à ces attaques. Elle déplore une « confiance abîmée » et alerte : « ce moratoire reviendrait à enfermer délibérément notre pays dans sa profonde dépendance aux énergies fossiles importées, qui aujourd’hui représentent 65% du mix énergétique, pour un coût de 55,6 milliards d’euros sur notre balance commerciale en 2024. Nous payons chaque jour 150 millions d’euros aux pays pétroliers, avec en premier les États-Unis et la Russie. Comment celles et ceux qui ont adopté cet amendement peuvent-ils nous parler de patriotisme économique et industriel ? », soulignait entre autres France Renouvelables dans une lettre ouverte aux députés.
Quels objectifs fixe la future programmation énergétique ?
En synthèse, le dernier mot sur la stratégie éolienne française reviendra au gouvernement, qui doit publier dans les prochaines semaines la programmation pluriannuelle de l’énergie (« PPE 3 ») par décret.
Le projet de PPE3, déjà soumis à débat public, prévoit une forte hausse de la production d’électricité décarbonée. Celle-ci pourrait être portée à 577 TWh en 2030 et « entre 666 et 708 TWh » en 2035, contre 390 TWh en 2022.
Cette hausse s’appuierait principalement sur les filières renouvelables, au premier rang desquelles l’énergie éolienne. La production éolienne dans son ensemble pourrait s’élever à 86 TWh à l’horizon 2030 selon l’objectif actuellement retenu par le PPE, soit près de 70% de plus que le niveau de 2023.
Entre 2030 et 2035, on attend une envolée particulièrement spectaculaire de la production éolienne offshore, passant d’environ 14 TWh à près de 71 TWh. Cette progression maritime dépasserait même la production hydroélectrique attendue à l’horizon 2035.
Vers quel avenir énergétique nous dirigeons-nous ?
La trajectoire de baisse des émissions de gaz à effet de serre de la France reste aujourd’hui éloignée de ses ambitions affichées. Un sursaut est donc attendu par les acteurs des filières renouvelables.
Pour l’économiste du climat Christian de Perthuis, ce sursaut passe notamment par « le renforcement du déploiement des énergies utilisant les flux solaires et éoliens qui sont les seules à pouvoir fournir en abondance l’électricité décarbonée dont le pays aura besoin d’ici 2040, et ceci quelle que soit la place du nucléaire qu’on souhaite atteindre dans le mix énergétique post-2040 ».
En définitive, l’éolien français se trouve à la croisée des chemins. Entre résistances politiques et nécessité climatique, entre ralentissement conjoncturel et ambitions gouvernementales, la filière attend désormais des signaux clairs. La publication de la PPE 3 constituera sans doute un moment décisif pour dessiner l’avenir énergétique français et la place qu’y occupera le vent.

Article rédigé par Guillaume Sagliet
Growth Marketing Manager pour Collectif Énergie, je suis devenu expert pour retrouver les pages perdues dans l’Internet et leur redonner vie grâce à mes connaissances approfondies dans Lost et The Walking Dead. Avec moi, tous les contenus affrontent Google sans crainte.
L’éolien français traverse une période mouvementée. Alors que cette source d’énergie occupe toujours la troisième place dans notre mix électrique, elle fait face à des vents contraires qui ne sont pas seulement météorologiques. Entre menaces politiques et objectifs ambitieux, on se demande légitimement vers quoi se dirige cette filière pour notre transition énergétique.
Quelle place réelle occupe l’éolien dans notre production électrique ?
Pour bien comprendre les enjeux, commençons par les chiffres. En 2024, l’énergie éolienne a représenté 8,7% de la production électrique française métropolitaine. Concrètement, cela équivaut à près de 47 TWh, dont environ 4 TWh proviennent des parcs marins et 42,9 TWh des installations terrestres.
Au 25 juin 2025, notre parc éolien français affichait une capacité cumulée d’environ 24,5 GW selon RTE. Ces données placent l’éolien comme la deuxième source renouvelable du pays, après l’hydroélectrique.
En fait, si on élargit la perspective à l’Union européenne, l’éolien se hisse au rang de deuxième filière productrice d’électricité. Avec 477 TWh générés en 2024, soit 17,4% du mix électrique européen, elle devance le gaz mais reste derrière le nucléaire.
Pourquoi observe-t-on un ralentissement préoccupant ?
Toutefois, les nouvelles ne sont pas toutes roses. La progression de l’éolien marque le pas, tant en France qu’en Europe. Au niveau européen, la production éolienne n’a progressé que de 1,5% en 2024, pâtissant de conditions moins favorables qu’en 2023.
Le cas français est encore plus préoccupant : la production éolienne a même reculé en 2024, passant de 50,9 TWh en 2023 à 46,9 TWh, soit une baisse de presque 8%. Deux facteurs expliquent ce recul.
D’abord, un « déficit de vent » naturel qui a limité la production. Ensuite, une adaptation au marché : RTE « ordonne la baisse de production d’installations éoliennes, lors d’épisodes de forte abondance de production, pour garantir l’équilibre du système électrique en temps réel, conformément aux dispositions actuelles du Code de l’énergie ».
Les exploitants peuvent également choisir de ne pas produire lors de périodes de prix négatifs, de plus en plus courantes. En 2024, les installations éoliennes terrestres capables de s’arrêter lors d’épisodes de prix négatifs « représentaient de l’ordre de 60 % de la capacité éolienne terrestre installée » selon le gestionnaire de réseau.
Comment le débat parlementaire a-t-il secoué la filière ?
Le climat politique autour de l’éolien s’est particulièrement tendu lors de l’examen à l’Assemblée nationale du projet de loi de programmation nationale et simplification normative dans le secteur économique de l’énergie en juin 2025. Un amendement LR, soutenu par le Rassemblement national, proposait ni plus ni moins qu’un moratoire sur le solaire et l’éolien.
Bien que cette version du texte ait été largement rejetée, l’amendement a généré de nombreux échanges houleux. Lors du vote du 24 juin dernier, Marc Ferracci, ministre chargé de l’industrie et de l’énergie, qualifiait cette position d’« irresponsable ». À l’inverse, le député Eric Michoux (UDR) rétorquait que « les éoliennes enlaidissent nos paysages et sont un danger pour la biodiversité, mais cela ne dérange pas les écolos de salon ».
La filière des énergies renouvelables n’est pas restée silencieuse face à ces attaques. Elle déplore une « confiance abîmée » et alerte : « ce moratoire reviendrait à enfermer délibérément notre pays dans sa profonde dépendance aux énergies fossiles importées, qui aujourd’hui représentent 65% du mix énergétique, pour un coût de 55,6 milliards d’euros sur notre balance commerciale en 2024. Nous payons chaque jour 150 millions d’euros aux pays pétroliers, avec en premier les États-Unis et la Russie. Comment celles et ceux qui ont adopté cet amendement peuvent-ils nous parler de patriotisme économique et industriel ? », soulignait entre autres France Renouvelables dans une lettre ouverte aux députés.
Quels objectifs fixe la future programmation énergétique ?
En synthèse, le dernier mot sur la stratégie éolienne française reviendra au gouvernement, qui doit publier dans les prochaines semaines la programmation pluriannuelle de l’énergie (« PPE 3 ») par décret.
Le projet de PPE3, déjà soumis à débat public, prévoit une forte hausse de la production d’électricité décarbonée. Celle-ci pourrait être portée à 577 TWh en 2030 et « entre 666 et 708 TWh » en 2035, contre 390 TWh en 2022.
Cette hausse s’appuierait principalement sur les filières renouvelables, au premier rang desquelles l’énergie éolienne. La production éolienne dans son ensemble pourrait s’élever à 86 TWh à l’horizon 2030 selon l’objectif actuellement retenu par le PPE, soit près de 70% de plus que le niveau de 2023.
Entre 2030 et 2035, on attend une envolée particulièrement spectaculaire de la production éolienne offshore, passant d’environ 14 TWh à près de 71 TWh. Cette progression maritime dépasserait même la production hydroélectrique attendue à l’horizon 2035.
Vers quel avenir énergétique nous dirigeons-nous ?
La trajectoire de baisse des émissions de gaz à effet de serre de la France reste aujourd’hui éloignée de ses ambitions affichées. Un sursaut est donc attendu par les acteurs des filières renouvelables.
Pour l’économiste du climat Christian de Perthuis, ce sursaut passe notamment par « le renforcement du déploiement des énergies utilisant les flux solaires et éoliens qui sont les seules à pouvoir fournir en abondance l’électricité décarbonée dont le pays aura besoin d’ici 2040, et ceci quelle que soit la place du nucléaire qu’on souhaite atteindre dans le mix énergétique post-2040 ».
En définitive, l’éolien français se trouve à la croisée des chemins. Entre résistances politiques et nécessité climatique, entre ralentissement conjoncturel et ambitions gouvernementales, la filière attend désormais des signaux clairs. La publication de la PPE 3 constituera sans doute un moment décisif pour dessiner l’avenir énergétique français et la place qu’y occupera le vent.

Article rédigé par Guillaume Sagliet
Growth Marketing Manager pour Collectif Énergie, je suis devenu expert pour retrouver les pages perdues dans l’Internet et leur redonner vie grâce à mes connaissances approfondies dans Lost et The Walking Dead. Avec moi, tous les contenus affrontent Google sans crainte.